Ces derniers temps j’ai été très
occupée. Cheveux qui poussent dans le désordre (je les compte), une réunion
toute les deux semaines, hésitation sans fin devant le DVD du dimanche soir et
voilà, ce qui en raison de tant de surmenage, devait arriver, arriva : mes
lombaires ont décidé de jouer au mikado.
Je passe sur toute une partie assez peu
intéressante de l’histoire liée à ma découverte du monde des antidouleurs, ceci
dit si l’un d’entre vous a besoin d’un REX (mot affreux qu’une parfaite
connasse dans mon ancien boulot répétait à tout bout de champs et que j’ai mis
15 jours à comprendre/demander ce que cela voulait dire - Retour
d’Expérience pour les moins connasses d’entre nous), donc bref si l’un d’entre
vous a besoin d’un REX en ce qui concerne les anti-inflammatoires (alias pilule
magique qui te fait passer de l’état végétatif (couchée sur son côté gauche, la
jambe droite en équilibre inclinée à très exactement 84° sinon tu hurles de
douleur) à l’état mi-humain, mi-balai (rapport au support qui m’a servi de
canne pendant 8 jours pour ne serait-ce qu’aller aux toilettes)), n’hésitez pas
à me demander.
J’ai de quoi écrire un Vidal à moi
toute-seule
Mon amie la hernie discale (je lui parle
gentiment maintenant) m’a donc appris plein de choses et c’est cette belle
leçon de vie que je partage avec vous aujourd’hui. Et après promis j’arrête les
Tops (enfin j’essaye).
N°3 - La vie
se divise en deux catégories : les choses que tu peux faire et celles que
tu ne peux pas faire
Et je t’entends ricaner d’ici mon ami,
sauf que tu ne devrais pas.
On parle d’ici des VRAIES choses que tu
peux faire versus les VRAIES choses que tu ne peux plus faire et soudain ta vie
n’a plus de sens (ou au contraire elle en a énormément).
La hernie discale a en effet ceci de
magique qu’elle te permet de revenir aux vraies valeurs, les trucs bien terre à
terre auxquelles malheureuse tu ne penses jamais quand tout va bien.
Avec la hernie discale tu arrêtes enfin
de finasser, de passer des heures à chercher un sens à ta vie, à la mort, à la
coupe de cheveux de Lionel Jospin ou à essayer de comprendre pourquoi le type
que tu as rencontré il y a 3 mois et qui vit à 9000kms sur un bateau ne réponds
pas dans l’heure à tes mails … non tout ça c’est bon pour les privilégiés aux
lombaires aussi bien rangées que l’armée chinoise défilant sur la place Tiananmen
un 1er mai, c'est-à-dire à peu près tout le monde sauf toi.
Toi maintenant ta vie ça se résume à
deux choses : ce que tu peux faire et ce que tu ne peux pas faire.
Et crois-moi, le tri est vite fait.
Dans la liste de ce que tu PEUX faire il y a (en gros): dormir, manger un yaourt (si quelqu’un a bien voulu
retirer l’opercule, sinon laisse tomber), tendre le bras pour attraper ta
codéine (à condition que le flacon soit dans un rayon de 33 cms autour de ta
main), boire de l’eau pour faire passer le comprimé de codéine (idem, prier
pour qu’un gros relou n’ait pas laissé la bouteille de Contrex sur la table
basse du salon sinon tu n’as plus qu’à faire passer le comprimé de la taille
d’une balle de pingpong avec ta salive, et ne va pas t’étouffer malheureuse la
manœuvre de Heimlich ne fait pas partie de la liste des choses que tu peux
faire avec une hernie discale), pleurer (attention tu vas beaucoup pleurer donc
bien penser à demander au gros relou de laisser la boite de kleenex au pied du
lit), te moucher (mais pas trop fort, a fait maaaaaal), faire pipi (idem, on y
va mollo, d’un autre côté en appui sur un balai je vous accorde que l’on a pas
forcément envie de se lancer dans des acrobaties trop fantaisistes mais c’est
toujours bon de le préciser).
Dans la catégorie des choses que tu ne
PEUX PAS faire, là c’est super facile : c’est plus ou moins tout le reste.
N°2 – Il n’y
a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, conserver sa dignité en toutes
circonstances ce n’est pas si important que ça finalement
Toujours au chapitre des vraies valeurs
de la vraie vie que la hernie discale te fait reconsidérer force 10, il y a ce
besoin impérieux que nous avons de préserver notre dignité en toutes
circonstances (moi la première) et qui vole bien vite en éclat quand ton
salopard de disque inter-lombaire décide de danser la Macarena sans te demander
ton avis.
Entre le docteur dépêché par SOS
médecins à 4h du matin, l’ostéopathe qui va se changer dans ta salle de bain
parce qu’il « a trop chaud » (oui oui je sais ça à l’air bizarre
comme ça et ça l’était aussi sur le moment croyez-moi), ta voisine, ton père,
et tous tes potes qui viennent gentiment te faire manger de la soupe à la
cuillère à partir de 19h, le nombre de personnes qui t’auront vu en slip au
cours de cette semaine alitée dépasse les rêves les plus fous de Miley Cyrus en
termes d’exhibitionnisme. C’est bien simple, en 8 jours il y a plus d’individus
qui auront pu admirer ta collection de culottes H&M in vivo qu’en 38
d’existence.
Alors bien sûr c’est dur pour l’égo mais
quand on sait qu’il t’a fallu 13 minutes de souffrance (vécu) pour mettre ta
culotte le matin, l’idée même d’enfiler un bas de pyjama pour de ridicules
questions de dignité te fait doucement rigoler.
D’autant que si on veut parler de
dignité, on peut déjà commencer par se poser la question de savoir si on peut
toujours être considéré comme faisant partie de l’espèce humaine quand son
dernier shampooing remonte à 5 jours et que ses cheveux ressemblent à ceux de
Chucky (dressés par la saleté sur le devant, écrasés par 59h de position
couchée sur le derrière).
La réponse est sans doute non
N°1 – Non tu
n’es pas seule, oui il y a des gens qui t’aiment (que ceux qui a la lecture de
ce titre ont commencé à se passer Hélène Ségara en boucle sur leur jukebox
interne me pardonnent)
Pour terminer avec ces grandes leçons de
la vie, petite séquence émotion, happy end à l’américaine. Pour celles qui
comme moi ont tendance à s’éplucher le cerveau 23h par jour et pleurnicher sur
leur sort l’heure restante (ou l’inverse), la hernie discale est un excellent
remède contre l’auto-apitoiement.
La dernière fois que mon père m’a fait
chauffer de la soupe, je devais avoir 6 ans, pour info 32 ans plus tard le
réconfort paternel marche étonnamment toujours aussi bien. Idem pour vos potes
qui débarquent sitôt prévenus les bras chargés de sushis, de lingettes pour
bébé pour vous « rafraîchir », changent vos draps (dieu existe) ou
qui vous délivrent du mal en vous passant du shampoing sec dans les cheveux (dieu
existe bis).
Que dire aussi de ces vrais amis de la mort qui vous installent
Netflix en douce sur votre Ipad pour vous permettre de dévorer les deux saisons
d’House of Cards en 3 jours, ou du reste de votre famille qui vous appelle
toutes les 90 min pour vérifier que vous ne vous ennuyez pas ou plus
probablement pour vérifier que vous n’avez pas succombé à une overdose de
suppositoires (ça va maman j’suis
toujours la).
Bref, mieux qu’un pèlerinage à Lourdes
ou un stage de 6 mois dans un camp de réfugiés au Soudan, au cours de ces
quelques jours la hernie discale dans son immense miséricorde m’aura appris
deux trois trucs sur l’existence.
Je ne vais quand même pas la remercier.
Mais presque.
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