samedi 10 mai 2014

3 choses que la hernie discale m’a apprises

Ces derniers temps j’ai été très occupée. Cheveux qui poussent dans le désordre (je les compte), une réunion toute les deux semaines, hésitation sans fin devant le DVD du dimanche soir et voilà, ce qui en raison de tant de surmenage, devait arriver, arriva : mes lombaires ont décidé de jouer au mikado.

Je passe sur toute une partie assez peu intéressante de l’histoire liée à ma découverte du monde des antidouleurs, ceci dit si l’un d’entre vous a besoin d’un REX (mot affreux qu’une parfaite connasse dans mon ancien boulot répétait à tout bout de champs et que j’ai mis 15 jours à comprendre/demander ce que cela voulait dire -  Retour d’Expérience pour les moins connasses d’entre nous), donc bref si l’un d’entre vous a besoin d’un REX en ce qui concerne les anti-inflammatoires (alias pilule magique qui te fait passer de l’état végétatif (couchée sur son côté gauche, la jambe droite en équilibre inclinée à très exactement 84° sinon tu hurles de douleur) à l’état mi-humain, mi-balai (rapport au support qui m’a servi de canne pendant 8 jours pour ne serait-ce qu’aller aux toilettes)), n’hésitez pas à me demander.
J’ai de quoi écrire un Vidal à moi toute-seule

Mon amie la hernie discale (je lui parle gentiment maintenant) m’a donc appris plein de choses et c’est cette belle leçon de vie que je partage avec vous aujourd’hui. Et après promis j’arrête les Tops (enfin j’essaye).


N°3 - La vie se divise en deux catégories : les choses que tu peux faire et celles que tu ne peux pas faire

Et je t’entends ricaner d’ici mon ami, sauf que tu ne devrais pas.
On parle d’ici des VRAIES choses que tu peux faire versus les VRAIES choses que tu ne peux plus faire et soudain ta vie n’a plus de sens (ou au contraire elle en a énormément).

La hernie discale a en effet ceci de magique qu’elle te permet de revenir aux vraies valeurs, les trucs bien terre à terre auxquelles malheureuse tu ne penses jamais quand tout va bien.
Avec la hernie discale tu arrêtes enfin de finasser, de passer des heures à chercher un sens à ta vie, à la mort, à la coupe de cheveux de Lionel Jospin ou à essayer de comprendre pourquoi le type que tu as rencontré il y a 3 mois et qui vit à 9000kms sur un bateau ne réponds pas dans l’heure à tes mails … non tout ça c’est bon pour les privilégiés aux lombaires aussi bien rangées que l’armée chinoise défilant sur la place Tiananmen un 1er mai, c'est-à-dire à peu près tout le monde sauf toi.
Toi maintenant ta vie ça se résume à deux choses : ce que tu peux faire et ce que tu ne peux pas faire.
Et crois-moi, le tri est vite fait.

Dans la liste de ce que tu PEUX faire il y a (en gros): dormir, manger un yaourt (si quelqu’un a bien voulu retirer l’opercule, sinon laisse tomber), tendre le bras pour attraper ta codéine (à condition que le flacon soit dans un rayon de 33 cms autour de ta main), boire de l’eau pour faire passer le comprimé de codéine (idem, prier pour qu’un gros relou n’ait pas laissé la bouteille de Contrex sur la table basse du salon sinon tu n’as plus qu’à faire passer le comprimé de la taille d’une balle de pingpong avec ta salive, et ne va pas t’étouffer malheureuse la manœuvre de Heimlich ne fait pas partie de la liste des choses que tu peux faire avec une hernie discale), pleurer (attention tu vas beaucoup pleurer donc bien penser à demander au gros relou de laisser la boite de kleenex au pied du lit), te moucher (mais pas trop fort, a fait maaaaaal), faire pipi (idem, on y va mollo, d’un autre côté en appui sur un balai je vous accorde que l’on a pas forcément envie de se lancer dans des acrobaties trop fantaisistes mais c’est toujours bon de le préciser).

Dans la catégorie des choses que tu ne PEUX PAS faire, là c’est super facile : c’est plus ou moins tout le reste.

N°2 – Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, conserver sa dignité en toutes circonstances ce n’est pas si important que ça finalement

Toujours au chapitre des vraies valeurs de la vraie vie que la hernie discale te fait reconsidérer force 10, il y a ce besoin impérieux que nous avons de préserver notre dignité en toutes circonstances (moi la première) et qui vole bien vite en éclat quand ton salopard de disque inter-lombaire décide de danser la Macarena sans te demander ton avis.

Entre le docteur dépêché par SOS médecins à 4h du matin, l’ostéopathe qui va se changer dans ta salle de bain parce qu’il « a trop chaud » (oui oui je sais ça à l’air bizarre comme ça et ça l’était aussi sur le moment croyez-moi), ta voisine, ton père, et tous tes potes qui viennent gentiment te faire manger de la soupe à la cuillère à partir de 19h, le nombre de personnes qui t’auront vu en slip au cours de cette semaine alitée dépasse les rêves les plus fous de Miley Cyrus en termes d’exhibitionnisme. C’est bien simple, en 8 jours il y a plus d’individus qui auront pu admirer ta collection de culottes H&M in vivo qu’en 38 d’existence.
Alors bien sûr c’est dur pour l’égo mais quand on sait qu’il t’a fallu 13 minutes de souffrance (vécu) pour mettre ta culotte le matin, l’idée même d’enfiler un bas de pyjama pour de ridicules questions de dignité te fait doucement rigoler.
D’autant que si on veut parler de dignité, on peut déjà commencer par se poser la question de savoir si on peut toujours être considéré comme faisant partie de l’espèce humaine quand son dernier shampooing remonte à 5 jours et que ses cheveux ressemblent à ceux de Chucky (dressés par la saleté sur le devant, écrasés par 59h de position couchée sur le derrière).
La réponse est sans doute non

N°1 – Non tu n’es pas seule, oui il y a des gens qui t’aiment (que ceux qui a la lecture de ce titre ont commencé à se passer Hélène Ségara en boucle sur leur jukebox interne me pardonnent)

Pour terminer avec ces grandes leçons de la vie, petite séquence émotion, happy end à l’américaine. Pour celles qui comme moi ont tendance à s’éplucher le cerveau 23h par jour et pleurnicher sur leur sort l’heure restante (ou l’inverse), la hernie discale est un excellent remède contre l’auto-apitoiement. 
La dernière fois que mon père m’a fait chauffer de la soupe, je devais avoir 6 ans, pour info 32 ans plus tard le réconfort paternel marche étonnamment toujours aussi bien. Idem pour vos potes qui débarquent sitôt prévenus les bras chargés de sushis, de lingettes pour bébé pour vous « rafraîchir », changent vos draps (dieu existe) ou qui vous délivrent du mal en vous passant du shampoing sec dans les cheveux (dieu existe bis). 
Que dire aussi de ces vrais amis de la mort qui vous installent Netflix en douce sur votre Ipad pour vous permettre de dévorer les deux saisons d’House of Cards en 3 jours, ou du reste de votre famille qui vous appelle toutes les 90 min pour vérifier que vous ne vous ennuyez pas ou plus probablement pour vérifier que vous n’avez pas succombé à une overdose de suppositoires (ça va maman j’suis toujours la).



Bref, mieux qu’un pèlerinage à Lourdes ou un stage de 6 mois dans un camp de réfugiés au Soudan, au cours de ces quelques jours la hernie discale dans son immense miséricorde m’aura appris deux trois trucs sur l’existence.
Je ne vais quand même pas la remercier.

Mais presque.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.